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Pierre TURLAND : les difficultés des registres paroissiaux

Signature sur acte de mariage dans registre paroissial Montceaux-l'Étoile-1751

Pierre TURLAND et Claudine JAILLET : résoudre les difficultés généalogiques d’un couple du XVIIIe siècle

 

La numérotation de Sosa Stradonitz attribue un numéro unique à chaque ancêtre, Pierre TURLAND porte le numéro 1 000. En 2016, j’ai rédigé un article sur mon précédent blog à son propos, où je détaillais mes recherches généalogiques. Aujourd’hui, je dépoussière certains de mes anciens articles pour explorer de nouvelles pistes. Revoir l’état de mes découvertes sur cet ancêtre, ses enfants et ses épouses devient nécessaire.

Résultat : au lieu d’élucider des zones d’ombre, je découvre des lacunes supplémentaires et de nouvelles interrogations à combler.

La plupart des actes que j’analyse pour retracer la vie de Pierre TURLAND manquent souvent de précisions. Leur rédaction lacunaire dans les registres paroissiaux reflète parfois des habitudes locales ou un manque de rigueur. Certains curés, bien qu’encadrés par des directives royales, omettaient des informations essentielles. Une lecture complète des archives permet pourtant de déceler des détails que l’on pourrait négliger au premier regard.

Les homonymes complexifient encore davantage les recherches. Lorsque plusieurs individus partagent le même nom, il devient impératif d’examiner les relevés minutieusement. Ces relevés, même succincts, révèlent parfois des indices essentiels pour identifier le bon ancêtre. Ainsi, les mentions des témoins ou parrains jouent un rôle incontournable pour distinguer des trajectoires de vie distinctes.

Souvent, un enfant baptisé reçoit le prénom de son parrain ou de sa marraine. Si le filleul partage en plus leur patronyme, l’apparition d’un homonyme devient inévitable. Dans ces cas-là, les recherches dans les registres paroissiaux prennent une dimension chronophage, mais elles offrent aussi des opportunités d’affiner votre arbre généalogique. Explorer les pages du registre concerné peut dévoiler des informations oubliées par d’autres chercheurs.

Les recherches généalogiques ne consistent pas seulement à collecter des noms. Chaque transcription d’un acte peut éclairer les conditions de vie, les alliances familiales ou même les migrations locales. C’est en confrontant les informations des archives que vous pourrez réduire les marges d’erreur et éviter des hypothèses erronées.

Pierre TURLAND, un vigneron du XVIIIᵉ siècle

Origine et famille

Pierre TURLAND naît le 7 novembre 1718 à Montceaux-l’Étoile, dans l’actuel département de la Saône-et-Loire. À l’époque, cette paroisse dépendait de l’évêché d’Autun. Sous l’Ancien Régime, les paroisses correspondaient à quelque chose près aux communes actuelles et étaient régies par des registres paroissiaux souvent laconiques. Montceaux-l’Étoile se situe à quelques kilomètres de la Loire, au sud de Paray-le-Monial.

Ses parents, Sébastien et Antoinette CRU, vivent au lieu-dit Conde. Ils sont laboureurs.

Comment suis-je sûre de cette date de naissance ? Tout simplement grâce, entre autres, à l’acte de mariage entre Pierre TURLAND et Marie DESAUX, le 9 janvier 1744 à Montceaux-l’Étoile. Cet acte, répertorié dans les bms de la paroisse, présente Pierre comme le fils de « défunt Sébastien TURLAND, laboureur à Conde, et Antoinette CRU ».

Les mentions spécifiques dans ce type d’acte permettent souvent de confirmer des liens familiaux. Toutefois, lorsque les registres sont incomplets, il convient d’élargir les recherches aux microfilms d’une autre paroisse des archives départementales de la Saône-et-Loire.

D’après mes recherches dans les registres numérisés du site des archives départementales de la Saône-et-Loire, Pierre TURLAND a un frère et une sœur : Claude, né en 1725, et Françoise, née en 1736. La transcription de ces actes révèle parfois des détails subtils, mais leur intégralité reste indispensable pour éviter des erreurs d’interprétation.

Les recherches dans ces registres demandent une lecture attentive. Chaque information fournie, comme le nom des témoins ou le lieu précis, peut éclairer des éléments manquants et remonter le temps avec plus de précision.

Parcours de vie et mariages

Je connais au moins quatre épouses pour Pierre TURLAND.

Premier mariage avec Marie DESAUX (1744-1748)

En janvier 1744, à l’église de Montceaux-l’Étoile, Pierre TURLAND, jeune vigneron, unit sa vie à celle de Marie DESAUX. On imagine la cérémonie modeste, rythmée par les chants liturgiques et les pas hésitants de la jeune mariée. L’acte de mariage mentionne Pierre GACON, beau-père de l’époux. Les registres paroissiaux de cette période, bien que précieux, laissent souvent place à des zones d’ombre qui compliquent l’interprétation des liens familiaux.

Le mystère plane pour moi : Pierre a-t-il déjà vécu un premier mariage, ou sa mère, Antoinette Cru, veuve depuis 1736, a-t-elle refait sa vie ? Cette union reste sans descendance. La joie de cette nouvelle vie commune s’éteint avec le décès de Marie en 1748. Peut-être que les durs hivers bourguignons ou les difficiles conditions de vie rurales ont joué un rôle dans sa disparition prématurée.

Deuxième mariage avec Étiennette GONDARD (entre 1748 et 1750)

Peu après, Pierre épouse Étiennette GONDARD. L’acte de mariage reste toutefois introuvable pour le moment, bien qu’il puisse exister dans une autre paroisse. La naissance de leur fils Claude Marie le 21 octobre 1750 atteste néanmoins de cette union. Étiennette meurt le 27 octobre, quelques jours après son accouchement, probablement des suites de complications, un drame si courant à l’époque. L’acte précise qu’elle est alors « âgée d’environ 32 ans, femme de Pierre TURLAND ».

Pierre, désormais veuf une seconde fois, doit affronter un nouveau deuil et veiller sur son nouveau-né. La transcription des actes de cette époque, parfois erronée ou incomplète, nécessite une lecture minutieuse pour s’assurer de leur fiabilité.

Une autre preuve de l’union légitime de Pierre avec Étiennette GONDARD réside dans son mariage suivant avec Anne FAUCONNET. Le curé le présente dans l’acte comme veuf d’Étiennette GONDARD. De tout cela, je peux déduire que le mariage TURLAND-GONDARD a eu lieu entre 1748 et 1750. Introuvable dans les actes de Montceaux-l’Étoile, il s’est peut-être déroulé dans une paroisse voisine ou figure sur des microfilms non encore explorés.

Église de Montceaux-l'Étoile, lieu des baptêmes et des mariages de Pierre TURLAND.
By Kris71 – Own work, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11074148

Troisième mariage avec Anne FAUCONNET (1751-1755)

En novembre 1751, Pierre trouve une nouvelle compagne en la personne d’Anne FAUCONNET. Leur vie commune semble prometteuse, mais les drames continuent de s’accumuler. Trois enfants voient le jour, mais aucun ne dépasse l’âge de dix ans.

Cette série de pertes témoigne des conditions de vie difficiles de l’époque, où la médecine rudimentaire et les accouchements à domicile rendaient chaque naissance périlleuse. Les tables décennales disponibles pour certaines périodes permettent parfois de corroborer ces informations.

Tout d’abord, Françoise naît le 3 mai 1753 et meurt un mois plus tard, le 3 juin. Jean-Baptiste voit le jour un an jour pour jour après le décès de sa sœur. Il rend l’âme le 17 mars 1761, à l’âge de six ans. Antoine naît le 22 août 1755. Une fois de plus, l’enfantement a dû se dérouler dans de mauvaises conditions, puisque quatre jours plus tard, Anne FAUCONNET, sa mère, est inhumée dans le cimetière de Montceaux. Le nourrisson, Antoine, ne survit pas très longtemps après sa pauvre maman. Il meurt le 10 octobre suivant, âgé d’à peine deux mois.

Pierre se retrouve donc à nouveau veuf. Les archives paroissiales mentionnent rarement les causes précises des décès, ce qui oblige à croiser les informations pour reconstruire ces trajectoires.

Quatrième mariage avec Claudine JAILLET (1761)

En 1761, Pierre se remarie avec Claudine JAILLET, mon ancêtre directe, à Volesvres, à quelques encablures de Montceaux. L’acte de mariage, plutôt laconique, ne précise pas que Pierre est veuf. Il ne s’appesantit pas non plus sur les parents des deux époux. Cette remarque prend toute son importance pour mes recherches. Elle m’empêche de suivre les yeux fermés les indications trouvées sur Geneanet et Filae.

Sur ces plateformes, les dates de naissance et de décès de Claudine JAILLET, celle du décès de Pierre peuvent porter à confusion. Ces difficultés montrent l’importance d’explorer la mise en ligne des registres pour affiner les hypothèses. J’ai même trouvé des arbres généalogiques avec un second mariage pour Claudine JAILLET avec Léger VERNAY ou VERNET. Or, je pense à un homonyme. Il a d’ailleurs un lien avec le couple TURLAND-JAILLET. En effet, Léger VERNET est le parrain de Bénigne TURLAND.

Le couple TURLAND — JAILLET a quatre enfants : Jean-François, mon ancêtre direct, voit le jour le 2 mars 1763. Bénigne ou Benoîte (selon les actes) naît le 13 septembre 1765. Anne, dernière de la fratrie, arrive dans la famille le 13 mai 1770.

Signature sur acte de mariage dans registre paroissial Montceaux-l'Étoile-1751
Signature TURLAND Pierre-Mariage avec Anne FAUCONNET-1751-BMS Montceaux-l’Étoile.png

Décès de Pierre TURLAND

Là aussi, j’ai des doutes. Dans les registres paroissiaux, je trouve un acte de sépulture de Pierre TURLAND en date du 25 janvier 1775. Mais, rien ne précise s’il est marié. De plus, il apparaît comme manœuvre. Néanmoins, des informations coïncident. Il est âgé de « près de soixante ans ». Je sais, par le mariage de Bénigne ou Benoîte, en 1787, que Pierre est décédé. Cela pourrait donc correspondre avec cet acte. Mais, pour le moment, je ne l’insère pas dans mon arbre. Je suis toujours à la recherche d’autres informations pour asseoir mes hypothèses.

Profession et statut social de Pierre TURLAND

Dès son mariage avec Marie DESAUX, en 1744, Pierre apparaît dans les actes comme vigneron. Toutefois, même si la paroisse de Montceaux se situe dans le sud de la Bourgogne, aucune recherche à l’heure actuelle ne confirme l’existence d’une culture viticole prononcée dans cette région.
Du point de vue de l’instruction, remarquons que Pierre sait signer d’une écriture plutôt assurée. D’ailleurs, sa signature est ce qui reste le plus lisible sur son acte de mariage avec Claudine JAILLET !
Notons également un personnage important dans la vie de Pierre : Claude GACON, son beau-frère, époux de sa sœur Françoise TURLAND.

Claudine JAILLET

Une chose est sûre, je connais la date de son décès : elle meurt le 26 thermidor an V de la République (12 août 1797), à Saint-Yan, dans le département de la Saône-et-Loire. L’acte de décès la présente comme veuve de Pierre TURLAND.
L’acte de décès précise par ailleurs que Claudine est alors âgée de 77 ans, sans mentionner son lieu de naissance. D’après mes calculs, sa naissance remonte aux années 1720. Cela vient contredire les informations dans les arbres généalogiques sur Geneanet, comme quoi, elle aurait été baptisée en 1731. L’acte de baptême de 1731 existe pourtant dans les registres. Nous sommes encore certainement dans le cas d’un homonyme.

J’ai consulté les bases de données de Geneanet et de Filae afin de trouver des informations qui auraient pu échapper à mon enquête généalogique. Toutefois, la prudence reste de mise. Je prends toujours le soin de vérifier la logique de l’information et de relire l’acte avec attention. Les moindres détails comptent. Par exemple, la présence d’un témoin nommé Pierre GACON, présenté comme beau-père de Pierre TURLAND lors du mariage avec Marie DESAUX m’interpelle. Dans les semaines qui suivent, je vais donc poursuivre mes recherches et éplucher les registres des paroisses de Montceaux l’Étoile, mais aussi des communes environnantes, afin de trouver des informations pour confirmer ou infirmer mes suppositions.

Pierre TURLAND, vigneron bourguignon du XVIIIe siècle, a de ce fait connu une vie marquée par des drames et des unions successives. Il laisse derrière lui des zones d’ombre. Les registres paroissiaux laconiques et la complexité des homonymes rendent l’identification précise de sa descendance et des événements de sa vie particulièrement délicate. Malgré ces défis, les recherches approfondies permettent de poser des hypothèses solides sur son parcours et celui de Claudine JAILLET, son ultime épouse.
Avez-vous vous aussi croisé des ancêtres du XVIIIᵉ siècle qui vous laissent autant de questions sans réponse certaine ? N’hésitez pas à partager vos découvertes et vos défis en généalogie dans les commentaires.

Les sources utilisées pour mes recherches

 

BMS Montceaux-l’Étoile, 1700-1739

  • Baptême de Pierre TURLAND, vue 109.

BMS Montceaux-l’Étoile, 1740-1749

  • Mariage TURLAND-DESAUX, vue 17.
  • Sépulture DESAUX Marie, vue 35.

BMS Montceaux-l’Étoile, 1750-1759,

  • acte de baptême de TURLAND Claude Marie, vue 5.
  • Acte de sépulture d’Étiennette GONDARD, vue 5.
  • Acte de sépulture de TURLAND, Claude Marie, vue 5.
  • Mariage TURLAND — FAUCONNET, vue 9.
  • Baptême et sépulture de TURLAND Françoise, vue 16.
  • Baptême de TURLAND, Jean-Baptiste, vue 19.
  • Baptême de TURLAND Antoine, vue 24.
  • Sépulture de FAUCONNET Anne, vue 22.
  • Sépulture de TURLAND Antoine, vue 22.

BMS Montceaux-l’Étoile, 1760-1769,

  • baptême de TURLAND Jean-François, vue 13.
  • Baptême de TURLAND Bénigne, vue 23.

BMS Montceaux-l’Étoile, 1770-1779,

  • baptême de TURLAND Anne, vue 3.
  • Sépulture de TURLAND Pierre, vue 32.

BMS Volesvres — 1751-1800,

  • mariage TURLAND – JAILLET, vue 53.

Registre des décès de Saint-Yan,

  • décès de JAILLET Claudine, vue 30.

 

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